Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sainte Ango
17 juillet 2011

Les ténèbres

 Seule dans mon antre, mes ailes en couverture de survie.
Ici j’ai assez de place pour les déployer, c’est bien le seul endroit où je suis vraiment moi.
Personne ne m’a jamais atteinte.

L’ange aux ailes noires. Oh là-haut j’aurais eu ma place, ils acceptent tout le monde. Mais je ne suis pas comme eux. Puant la bonté, si lisses, si parfaits. Sans relief.

Pas que je sois une mauvaise « personne ». Non, je suis un ange, mais si différente.
Et si seule au milieu d’eux, de cette foule blanche et ailée. Pas de place pour mes ailes d’obsidienne, pas de refuge pour mon cœur à vif.


Dès que je l’ai pu, j’ai quitté ce monde imparfaitement parfait à la recherche de mon monde.


J’ai tenté d’aller au plus bas, avec ceux fait de lave. C’était trop brute pour moi. Malgré le fait que, visiblement, mes ailes viennent de chez eux. Je me suis blessée dans ce monde parfaitement imparfait.
Trop fragile pour les uns, trop différente, trop dure pour les autres.

Je me suis trouvé un antre de matière noire.
Le temps n’y a pas de prise, je suis face à moi, loin de tous mais toujours ancrée dans mes mondes.
Tous à moi, aucun pour moi.

Je me nourris en vous regardant, les petits éclats de bonheur qui montent jusqu’à moi, je les savoure.

Je tâche de ne pas me laisser toucher par vos éclats de malheur.

Mes ailes en remparts pour me protéger mais elles ne me laissent pas me montrer à vous. De loin, pourtant, vous ne craignez rien.

 

Parfois un éclat lunaire m’atteint... Je n’arrive pas jusqu’à cet astre et pourtant je sais que j’y aurais ma place. Cet éclat m’ouvre un instant à la Lune, mon Eternelle. Et mes ailes prennent un élan nouveau, me font danser, tourbillonner, rayonner. Ces moments sont rares et difficiles à appercevoir pour vous.

Tendez l’oreille, écoutez les musicaux ricochets de lumières jouer cette étrange mélodie dans mes plumes de pierre.

 

Tu as été des rares à voir l’éclat, à entendre la mélodie. Tu as cherché d’où ça provenait.

Je t’ai senti venir un peu comme moi, à la recherche de ton monde. Je t’ai ouvert le mien un instant. Un trop court instant.

Tu ne m’apparaît qu’en éclipse. Tantôt dans l’ombre, juste ton souffle, ton âme, ton odeur. Tantôt dans la lumière, rayonnant, vrai, entier, tangible et tactile. Quelle est ta vérité, l’ombre ou la lumière? Quelle part de toi puis-je espérer conserver, observer, toucher?

Ta première arrivée a été bouleversante. Très courte.
J’ai senti ton souffle sur mes ailes, elles ont frémit, jouant une mélodie nouvelle. J’ai dansé près de toi, dans ton ombre et ta lumière. Par jeux, tu as soufflé à nouveau, pour recréer la mélodie, notre mélodie. Sombre et ennivrante, une touche d’une douceur nouvelle. Tu as longtemps joué à me faire danser et je voulais te plaire. Un pas vers toi, danse avec moi !

Tes lèvres d’ombre ont glissé sur mes lèvres de sang, ta langue piquante sur la mienne trop douce.

Un pas en arrière et tu ressoufles, tu rejoues à me faire danser. Je gravite autour de toi, incapable de m’éloigner.
Je replonge vers toi, nos lèvres se mêlent cette fois sur un bel accord. Je t’offre ma douceur, je joue sur ta peau. Ma langue se glisse le long de ta joue comme une larme de bonheur.

Tu m’offres ton souffle, le glisse à mon oreille comme un mot doux silencieux.

Ma main devine un cœur rayonnant comme l’opale derrière ton torse d’acier trempé. Je cherche la faille pour t’atteindre plus profondément mais tu ne me laisses pas faire et après un dernier souffle mélodique sur mes ailes, tu fuis mon antre secret.

Tu y a laissé la marque de ton passage, une ouverture de plus vers mon Eternelle, vers ses tendres rayons. Mais aussi une ouverture de plus vers les autres, pour laisser appercevoir ma danse.

 

Je sais que tu continues à m’observer, à attendre que les rayons de mon Eternelle rejouent cette curieuse mélodie.

D’autres viennent à moi, je recherche ta musique sans jamais la retrouver.

 

Jusqu’à cette nouvelle éternité. Tu as su relever les yeux vers moi comme au premier son, au premier éclat. Tu m’a retrouvée nouvelle et identique.

Subjuguée par l’approche de ton parfum, j’ai enfin déployé mes ailes comme jamais auparavant, en dansant, en chantant. Ma bulle de matière noire a explosé, mon Eternelle m’a faite rayonner. L’espace nous a rapprochés, nous avons dansé sans plus jouer. Simplement tes mains sur mes ailes, frémissantes.
D’un pas je me retrouve face à toi. Notre pas de deux n’est que pour nous, je nous entoure pour nous mettre à l’abri, pour mettre à l’abri les autres mondes. Ils ne sont pas prêts pour cet éclat et ils n'ont pas à le voir.

Il n’y a que mon cœur que j’ai mis à l’abri ainsi, j’accepte le tien comme faisant parti de moi. Deux pour n’être qu’un.

En touchant mes ailes, tu t’es ouvert, laissant enfin cet espace que j’attendais pour toucher ton cœur.
Débarrassé de ta carapace, je me laisse aller à te goûter. Retenter ce baiser, ton souffle se fait mien.

Je découvre ton regard, l’accès à ton âme rare.

De nos souffles enfiévrés naît une danse nouvelle pour chacun de nous. Il nous faudra créer de nouveaux pas.

Un ange est fait d’amour mais j’en découvre la saveur.

Ma peau s’électrise sous tes mains. Pierre contre acier.

Tu es mon passage vers notre monde.

Mon corps est ton passage vers mon âme.

 

Tes lèvres toujours scellées aux miennes, tu parcoures ma peau créant mille étincelles.

Guide-moi…
Tu glisses tes mains le long de mes bras, entrecroises tes doigts avec les miens. Nos souffles partagés pour ne pas nous asphyxier. Tu relèves mes bras au dessus de moi, accroche mes mains au croissant de mon Eternelle.

Tu redessines mes courbes, faisant s’ériger des nouvelles tours.

Mes seins dardent leurs pointes sur ton torse, aucune rayure n’en ressort. Ma peau de pierre s’attendrit à ton contact. Mon cœur cherche à venir rejoindre le tien.


L’ange qui toujours vole au dessus des autres pour ne pas être blessée finit par s’agenouiller devant celui qui pourtant l’à tant faite douter de sa propre condition.

Tes doigts provoqent un léger carillon dans mes cheveux, les sons se font plus rythmés à mesure que j’ose ouvrir ma bouche le long de ton sexe. Sans nous quitter des yeux. De ma langue, je te goûte lentement et, doucement, furieusement, le métal de ta peau entre en fusion.

Tes mains croisées dans mes cheveux, tes pouces massant mes tempes, ton souffle heurté, parfumé me parvient et m’ennivre, me rend de plus en plus ivre de toi.

Le ballet de nos corps a repris tant la mélodie pousse à la danse.

 

A l’approche du doux sillage de la Voie Lactée, tu m’allonges et me prives de ton membre.

Un fin vent stellaire prend le relais de tes doigts pour faire continuer le carillon de mes cheveux et la mélodie de mes ailes.
Toute à toi, tout à nous, juste deux corps aimantés, deux souffles croisés.

Ta langue grave des mots d’amour sur ma peau, tes mains lissent le parchemin de mon corps. Mes cuisses cèdent à l’approche de ton visage, t’ouvrant aux mystères du sexe des anges. Longuement tu joues du bouton de rose que tu y découvres, tes doigts se frayant un passage vers la source de vie. Tout mon être se contracte sous tes caresses. Le plaisir de plus en plus intense couvre le son de notre rencontre, un silence respectueux fait place à nos désirs de plus en plus fougueux. Tu t’abreuves de mon plaisir jaillissant et, en parsemant mon ventre, mes seins de tes baisers, tu viens à moi me faire partager ce nectar.

 

Mes mains s’imiscent entre nous. L’ange s’enhardit et accepte sa part sombre et animale. Nourrie de mon propre fluide, je reprend vie et pars à la découverte de mon musicien. De tes lèvres gourmandes à ton cou, vers ton torse et tes tétons attirants comme de petites gourmandises que je ne me lasse pas de déguster, suçoter, légèrement picorer. Je prends le chemin des dames à l’approche de la nébuleuse du Cancer et de concert nous  prenons possession des nos sexes impatients. Ta langue en moi, ma langue le long de toi, lentement, gourmands. Tes mains parcourent ton éternelle, tes doigts doucement s’aventurent en des galaxies secrètes et peu explorées. Nous sommes avides d’enfin aller au bout de ce voyage vers nous-même.

 

Je te refais face, dernière audace. La porte vers notre monde n’attend plus que nous la franchissions. Doux tourbillons de l’attente, le dernier instant. Jamais je n’ai été aussi consciente, jamais je n’ai été aussi ardente. Tu entres en moi, je prend possession de toi, d’un même élan, à égalité. Mes ailes frissonnent sous tes assauts, tes dents dans mon cou, mordantes. Mes mains cheminent  le long de ton dos, s’ancrent à tes fesses pour te guider, te pousser à chercher plus loin en moi.

 

Nos yeux ne se quittent plus, nos soufflent nous caressent.

 

Plus vivants, plus aimants, plus amants. Ton membre érigé dans mon ventre, pulsations érotiques, erratiques.

Je te chevauche à travers le temps, nos doigts à nouveau scellés, à jamais, nos regards ancrés. Le plaisir est si intense, la tension monte, explose enfin et brise définitivement nos carapaces nous amenant directement là où jamais plus nous ne seront séparés. La jouissance du musicien coule le long des jambes de l’ange, intimement mélée au nectar céleste qu’il lui a permis de libérer.

 

Unis, comme je l’ai toujours révé… L’obsidienne est redevenue lave, le métal liquide en fusion, à deux, un nouvel alliage pour ne plus être qu’un.

 

Un jour, c’est entre tes mains désormais.

 

 

Publicité
Commentaires
D
magnifique texte, on s'y croirait!!!!
L
tres beau
Sainte Ango
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité